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2022 : annus horribilis pour le Mali

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L’année qui vient de s’achever a été  incontestablement une année  difficile pour le Mali, d’épreuves pour les maliens. Les attaques terroristes, la vie chère, les sanctions de la CEDEAO, l’isolement diplomatique, le conflit Russo-Ukrainien sont passés par là. Bref, une année horrible !

D’abord, sur le plan sécuritaire, les efforts consentis durant 2022 par les autorités de la transition, n’ont pas permis d’épargner les populations des affres des attaques terroristes. Au contraire, l’insécurité s’est vue agrandir par endroit.

Une année de deuil                                                                        

L’année 2022 a été véritablement une année funeste au Mali. Tenez :

  • Diallassagou, village du centre du Mali, visé par une attaque des djihadistes affiliés à Al-Qaïda avec un bilan macabre de 130 civils tués.
  • Sokolo, région de Ségou et Kalumba, région de Nara non loin de la frontière avec la Mauritanie : 15 militaires et 3 civils d’une entreprise de construction de route tués
  • Tessit, nord-est du pays, objet de série d’attaques

L’année a également été marquée par des violations flagrantes des droits humains et les postes de sécurité, de péage et de contrôle ont été régulièrement les cibles des djihadistes.

Les sanctions éprouvantes de la CEDEAO

L’incompréhension entre les autorités maliennes et la CEDEAO sur la durée de la Transition a conduit cette dernière à adopter, le 9 janvier 2022, des sanctions économiques, financières et diplomatiques contre le Mali : fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Mali ; rappel du Mali des ambassadeurs des pays membres de la CEDEAO ; suspension des transactions commerciales entre les pays de la CEDEAO et le Mali, gel des avoirs de la République du Mali dans les banques centrales de la CEDEAO, gel des avoirs de l’Etat malien et des entreprises publiques et parapubliques dans les banques commerciales des pays de la CEDEAO.

Ainsi, de janvier à juillet 2022, les Maliens ont non seulement souffert des conséquences de ces sanctions, mais aussi de celles de l’UEMOA jugées illégitimes et inhumaines par le gouvernement Malien, ces ont plongé le Mali dans l’incapacité de rembourser ses dettes intérieures et extérieures. Une soudaine inflation a frappé les denrées de première nécessité, notamment le sucre, le riz et l’huile.

Difficile reconquête d’une souveraineté «  perdue »

En 2022, le Mali a fait face à une adversité diplomatique sans précédent. Tout a commencé depuis que le gouvernement de la transition a affiché la volonté d’aller vers de nouveaux partenaires dans la lutte contre le terrorisme. Cela a débouché sur une brouille diplomatique entre le Mali et la France, qui s’est soldée par le renvoi de l’ambassadeur français du Mali et la suspension de l’aide publique de la France à notre pays. Le Mali reprochait au diplomate français d’être dans un schéma déstabilisateur contre la transition du Mali.

Dans l’ambiance de cette brouille diplomatique avec l’ancienne métropole, le Mali a réchauffé son partenariat avec la Russie. Et c’est dans ce cadre que le Mali aurait fait appel aux paramilitaires de la société privée Russe dénommée « Wagner ».

Bien que démentie par les autorités de la transition, la présence de ces forces au Mali a été perçue par l’Elysée comme un coup de poignard dans le dos de la Force Barkhane.

Et, comme mesure de représailles, le Président Français, Emmanuel Macron, a annoncé le retrait de la Force Barkhane du Mali. La Force spéciale Européenne Takuba a suivi la posture Française. Elle s’est aussi retirée, laissant les FAMa face à leur responsabilité et, bien-sûr, à l’ennemi. Ces retraits en cascade ponctués de campagne médiatique contre le Mali ont été considérés par le gouvernement de la transition comme ‘’un abandon en plein vol’’.

Pis, après le retrait définitif de ses soldats, la France a annoncé la suspension de son aide publique au développement destinée au Mali. Le ministère français des affaires étrangères, justifie cette décision par le recours des autorités maliennes au groupe paramilitaire russe Wagner.

En réaction à cette décision, le gouvernement malien, à son tour décide d’interdire, avec effet immédiat, toutes les activités menées par les ONG opérant au Mali sur le financement ou avec l’appui matériel ou technique de la France, y compris dans le domaine humanitaire.

Le  dossier brûlant des 49 soldats ivoiriens

Pour avoir considéré 49 soldats ivoiriens comme des mercenaires sur son  territoire, le Mali a fait l’objet d’un matraquage médiatique ; ce, du secrétariat général de l’ONU, aux sommets de la CEDEAO en passant par les instances de communication de la MINUSMA. La version Malienne concernant ces militaires Ivoiriens était régulièrement « bottée à la touche » par la communauté internationale.

Ce qui fait que, cet épisode a été l’un des faits marquants de l’année 2022 au Mali.

Il faut noter que cette affaire a refroidi les relations entre le Mali et la Côte- d’ivoire. Les autorités maliennes continuent à considérer ces militaires comme des « mercenaires » quand celles de la Côte-d’Ivoire affirment toujours qu’ils sont venus au Mali dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). En septembre 2022, pour des raisons humanitaires, le Mali a accordé la liberté provisoire aux 3 femmes parmi les 49 militaires. Et en toute fin d’année, le 30 décembre, la justice malienne a condamné les 46 militaires à 20 ans de prison ferme et les trois soldats femmes à la peine de mort.

Les douloureuses répercussions du conflit Russo-Ukrainien

En cours depuis février 2022, le Mali, à l’instar de beaucoup de pays Africains, a été frappé par les effets collatéraux du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Ces effets ont touché presque tous les secteurs d’activité, économique notamment. Ce qui s’est traduit par l’inflation du prix des hydrocarbures, de certaines denrées alimentaires importées, le non fourniture du marché malien aux intrants agricoles.

Soumaila Sagara

Maliplume01@gmail.com

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