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Dr BOUBOU CISSE A LA PRIMATURE : Quand IBK veut pousser les forces vives à l’extrémisme

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Diplômé des sciences économiques et relativement jeune, le nouveau Premier ministre n’a pas le profil souhaité par les organisations de la société civile et les coalitions politiques lors de la manifestation du le 5 avril.

Après le départ de Soumeylou Boubèye Maïga, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta n’a trouvé mieux que son ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé. Pour l’opinion nationale, Dr Boubou Cissé n’est pas le profil souhaité par les organisations de la société civile et les coalitions politiques le 5 avril.
Légitimer l’année blanche ?
Des progrès sur le dossier de l’éducation ne semblent pas gagnés avec l’actuel Premier ministre. En témoignent ses interventions devant les élus de la nation, relativement à la grève des enseignants. En effet, au moment où le Syndicat national de l’éducation attendait des explications sur le blocage du processus, surtout la violation des textes et des lois en vigueur, le ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé, est allé commettre une grande bourde. Malgré son statut de docteur en économie, ils’est lancé dans une aventure périlleuse, exposant au peuple malien et à la face du monde entier qu’il ne maîtrise pas la masse salariale des enseignants. Il s’est planté dans les chiffres, comme son collègue de l’Education nationale.
Le Dr Boubou a brillé par ses contradictions en camouflant la vérité au peuple malien. Le ministre de l’Education nationale, Pr. Abinou Témé, a osé dire que les syndicats ont demandé la prime de documentation à laquelle ils n’ont, dit-il, pas droit. Il s’est permis de soutenir que cette prime n’est disponible qu’au niveau de l’enseignement supérieur. Honte à lui ! Selon les textes, l’enseignement supérieur n’a droit qu’aux primes de recherche. Ce sont les enseignants du Fondamental et ceux de l’Enseignement secondaire qui ont droit à la prime de documentation.
Comme si cela ne suffisait pas, Boubou Cissé et Abinou Témé ont fait l’inadmissible. Ils ont été incapables de donner le nombre des enseignants, jusqu’à demander la permission aux députés afin qu’ils se retirer pour faire recours à des documents. Quand un ministre arrive jusqu’à ce point, il ne mérite pas d’être à sa place, à plus forte raisonà la Primature. Sous d’autres cieux, ils allaient tout simplement démissionner.
Il a clairement enflammé la crise, disant «qu’ils ne sont pas en blocage des salaires mais qu’ils sont là à retenir le nombre de jours grevés, soit 46 jours de grève». Pourtant, la loi n°87-47, en son article 17,indique que le nombre de joursde cessation de travail doit être prélevé sans les allocations familiales.
C’est pourquoi les salaires des mois de février et mars ne sont pas payés. Et pourtant, les allocations familiales auxquelles les enseignants ont droit n’ont pas été payées.
Comme s’il ne maîtrise pas la situation salariale, Dr Boubou Cissé s’est fait contredire en disant qu’ils vont faire des recherches pour voir s’ils ont fait des prélèvements par rapport aux allocations familiales. En réalité, nommer Boubou Cissé à la Primature est une tentative de légitimer l’année blanche.
Puisque le syndicat national de l’éducation reste ferme sur le sujet. «Tant que l’Etat ne respecte pas les textes, les lois en vigueur, nous n’allons pas négocier avec le gouvernement malien», a soutenu Amadou Coulibaly, secrétaire général dudit syndicat. Et de préciser: « l’année blanche n’est pas notre problème, c’est l’Etat qui veut qu’on aille à l’année blanche. Parce que quand ils conditionnent le déblocage des salaires par rapport à la rentrée des enseignants dans les classes, cela veut dire que c’est une question de bras de fer. Donc, quelque part, c’est l’Etat même qui veut qu’on aille àl’année blanche ; alors qu’elle n’arrange personne dans ce pays».
Loin les enseignants, très excédés, les syndicats n’ont pas manqué de cracher leur vérité. Selon eux, «le gouvernement Soumeylou Boubèye Maïga est composé de ministres menteurs, qui n’ont pas honte de mentir au peuple. Les comparaisons faites par le ministre de l’Economie et des Finances en termes de salaires ne cadrent pas avec la réalité. Le mensonge à un certain niveau doit inquiéter tout le monde, surtout si ça vient d’un ministre», affirment-ils. Pour lui, leur mensonge soulève la question de savoir par qui le pays est dirigé. Aussi, mettent-ils en doute la moralité de ceux qui nous dirigent. Les syndicalistes pensent que Boubou Cissé n’est plus crédible pour décanter la situation.
Les forces sociales sur le dos de Boubou
L’autre erreur serait de minimiser les forces sociales qui ont réclamé le départ l’ex-PM, SBM. Les griefs formulés contre SBM seront difficilement satisfaits par Boubou Cissé. D’abord, il n’a pas de légitimité politique. L’évolution récente de la situation politique a démontré que Moussa Mara, malgré ses atouts, a été butté àces difficultés. Un profil politique était plus souhaité pour stabiliser la crise. Les religieux devenus des acteurs majeurs du jeu politique ont été superbement ignorés. L’opposition qui a réussi à créer deux forces politiques aussi a été driblée par le président de la République. Boubou Cissé a acquis des expériences à la Banque mondiale, mais il n’est pas acteur politique.
L’URD est déjà monté au créneau en prenant acte de la nomination du nouveau Premier ministre. Le premier communiqué du principal parti d’opposition indique clairement que Boubou Cissé n’aura pas son accompagnement. « L’URD informe l’opinion nationale et internationale que, contrairement au communiqué publié par la présidence de la République sur la nomination du Premier ministre, son Président, l’honorable Soumaïla Cissé, n’a été ni associé ni consulté à l’occasion de cette nomination.L’URD rappelle que lors des échanges que l’honorable Soumaïla Cissé a eus avec le Président Ibrahim Boubacar Keïta le samedi 20 avril 2019, ce dernier ne l’a nullement informé de son choix ni du profil de celui qu’il entendait nommer comme Premier ministre.L’URD continuera à être vigilante », précise le communiqué signé par lesecrétaire à la communication.
Au regard de ses indicateurs, l’on est en droit de dire que IBK veut pousser les forces vives à l’extrémisme
A suivre…
Zan Diarra
Soleil Hebdo

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