Mot de la semaine : Ecole
Le Mali va-t-il connaitre sa deuxième année blanche sous l’ère démocratique ? La réponse est probablement oui, tant au niveau secondaire que préscolaire et fondamental. Selon les experts, pédagogiquement, il ne serait plus possible de combler le retard dû aux temps de grève. Le nombre de semaines étudiées pour qu’une année soit validée, selon les normes UNESCO, semblent être dépassées, à moins de la prolonger jusqu’à la reprise prochaine. Cette option semble intenable dans 90 % des localités au Mali, à cause de la saison des pluies.
L’ironie de l’histoire, la première année blanche a eu lieu en 1994 quand IBK était le tout puissant Premier ministre d’Alpha Oumar Konaré. C’est sous son impulsion que le Président Konaré a pris la très impopulaire décision de fermer les écoles et de renvoyer élèves et étudiants à la maison. Vingt-cinq ans après, l’ancien Premier ministre IBK, devenu Président de la République, va-t-il récidiver ce qu’il avait commis comme erreur, en fermant les écoles pour le reste de l’année? Le spectre d’une année blanche plane sur l’école, car les acteurs et les décideurs au lieu de se parler, se regardent plutôt en chiens de faïence. Le Gouvernement n’entend plus faire des concessions et les syndicats n’entendent pas lâcher d’un iota leurs revendications.
IBK est aujourd’hui le seul à avoir la solution de la décrispation de la délicate crise scolaire. Comme il l’a fait avec les magistrats et la classe politique, il pourrait prendre acte des revendications et proposer aux syndicalistes une période moratoire. Celle d’une sortie de crise politico-sécuritaire et la relance de l’économie.
IBK ne sera entendu par les syndicalistes que quand ils le verront lui-même donner le bon exemple en réduisant de façon drastique son train de vie et celui des autres institutions. En cas d’échec de ces ultimes pourparlers, le Président de la République pourrait opter pour la solution la plus facile, celle de mettre la clef de l’école sous le paillasson et décréter l’année blanche. En faisant cela, il écrira l’histoire, en général et celle de l’école malienne en particulier, avec un minuscule « h ». Et pourtant, il s’est toujours vanté d’être le descendant des grands conquérants, des bâtisseurs d’empires, comme Soundiata Keita , Fakoly Doumbia Soumangourou Kanté, Askia Mohamed, Firhoun. Ceux-ci ont été de véritables bâtisseurs. Et IBK ? A l’heure du bilan, on saura répondre à cette question, mais pour l’instant la situation est catastrophique, et pour l’école, et même pour le pays. IBK n’a que quatre ans pour la redresser au risque de sortir par la petite porte de l’histoire du Mali.
A défaut de voir les autorités résoudre la sempiternelle question de l’école, qu’attendent les parents d’élèves pour imposer aux gouvernants la conduite à tenir ? Que dire du silence coupable, voire lâche du peuple, duquel les autorités tirent leur légitimité et pour la satisfaction des besoins duquel elles ont été élues ? Deux options s’offrent désormais au peuple souverain : soit exiger des gouvernants la résolution de la crise de l’école ou demander le départ de tous ceux qui sont à la base de la crispation.
Youssouf Sissoko
Infosept