Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a instruit hier en Conseil des ministres le Premier ministre de reprendre le processus de la révision constitutionnelle, suspendu en août dernier à la suite d’énormes contestations par l’opposition et des organisations de la société civile, notamment la plateforme « Touche pas à ma Constitution, Antè A Bana ».
Cette décision de reprise du processus est diversement appréciée par l’opinion nationale. Déjà des voix se lèvent pour dénoncer le retour de cette révision constitutionnelle qui a pourtant laissé des traces en août dernier dans le tissu social avant que le président de la République n’ordonne sa suspension. « Dans l’intérêt supérieur de la nation et de la préservation d’un climat social apaisé, j’ai décidé, en toute responsabilité, de surseoir à l’organisation d’un référendum sur la révision constitutionnelle », disait IBK sur les antennes de l’ORTM.
Pourquoi la reprise de ce processus dévastateur ?
Si du côté du gouvernement, l’on soutient la révision de la Constitution de 1992 pour la mise en œuvre de certains axes de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, signé en mai-juin 2015 entre le gouvernement et l’ex-rébellion à dominante touareg dans le nord du pays, et qui prévoit la création d’un Sénat et d’une Cour des comptes.
L’opposition, sous la houlette d’Amadou Thiam, vice-président de la plateforme « Touche pas à ma Constitution », président de l’ADP Maliba, n’en voit pas de cet angle et décrivait cette révision constitutionnelle comme le début de la partition du pays et qui renforce les pouvoirs du président de la République. On se rappelle des nombreuses marches de l’opposition aux côtés de la société civile qui ont permis le retrait du projet.
Il y a quelques jours lors d’une rencontre, Mohamed Ag Hamani, ancien Premier ministre, dénonçait le fait de l’élaboration de l’Accord sans tenir compte de la Constitution.
La reprise de ce processus risque d’attiser le climat politique très tendu entre l’opposition et le pouvoir au sujet de la présidentielle sans oublier la question du manuel de l’enseignement de la sexualité complète qui n’a pas connu son épilogue.
O.D.
L’indicateur du renouveau