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Secteur de transfert d’argent : Enfin, une société 100% malienne sur les fonts baptismaux!

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Daouda Coulibaly est un ancien boursier d’excellence de retour au Mali. Apres ses études en France, il a décidé de rentrer pour se jeter dans le marigot de l’entreprenariat. En plus d’être le directeur général d’un cabinet international spécialisé dans la formation professionnelle continue appelé « Trainis », Daouda Coulibaly vient de lancer Sama MONEY, une plateforme dédiée au transfert d’argent.

MP : Nous savons, que vous avez passé onze ans en France avant de rentrer définitivement au bercail. Est-ce que cette décision de retour à été difficile à prendre pour vous ?
Effectivement, j’ai eu la chance d’aller étudier à l’étranger plus précisément en France à la faveur d’une bourse d’excellence. Apres avoir passé onze ans en France, j’ai décidé de rentrer au Mali. Beaucoup autour de moi ne comprenaient pas cette décision. J’ai décidé de rentrer sans garanties d’emplois ou de sources de revenus. Pour certains, c’était trop risqué de ma part. J’avoue qu’à l’époque, je me disais que je n’avais rien à perdre. Après tout, c’est mon pays. J’ai eu l’opportunité d’aller étudier ailleurs. Je me sentais aussi redevable à mon pays. Donc pour moi, ce n’était pas une prise de risque, c’était un devoir pour moi de rentrer. Effectivement, je suis rentrer avec des projets sous le bras. Avec le temps, je suis arrivé à en réaliser certains. Aujourd’hui avec le recul, je ne regrette pas du tout d’être rentré, bien au contraire.
MP : Si vous devriez inviter d’autres jeunes de la diaspora à vous emboiter le pas, ce serait quoi votre argument ?
Ceux qui sont à l’étranger se posent certes beaucoup de questions. Mais ce que j’ai envie de leur dire, c’est que l’avenir appartient à l’Afrique. Ce n’est plus en Europe ni en Amérique que les choses vont se gérer. Je crois fermement, que nous nous dirigeons vers le temps de l’Afrique. Nous devons faire en sorte, que nous-mêmes soyons au premier rang de ce rendez vous.
Je dirais aussi que, même si vous venez avec des milliards, vous allez connaître quelques difficultés. Parce que les choses ne vont jamais se passer comme vous les avez prévues. Ce qui est propre à tous les pays du monde.
MP : Comme vous le savez, l’un des défis de notre pays, c’est l’employabilité des jeunes. Est-ce que vous avez un conseil à donner à la jeunesse de votre pays ?
Dans la vie chacun a son destin et sa vocation. Il y’a une tendance mondiale qui fait que le secteur public emploie de moins en moins. L’Etat se désengage de plus en plus du secteur de l’économie pour se concentrer principalement sur les secteurs régaliens. Cette tendance a comme conséquence, la réduction de l’effectif des fonctionnaires dans tous les pays du monde. C’est pour vous dire que, la tendance va vers le privé.
Or, au Mali, l’écosystème entrepreneurial est relativement complexe. Ce qui n’est pas une nouvelle donne. C’est un sujet qui fait débats depuis des années maintenant. C’est un challenge auquel nos différents Etats doivent faire face.
Parce que, d’abord, nous avons une grande masse de la population qui est jeune. Très souvent désœuvrée, qui est formée, qui a des diplômes mais qui se retrouvent sans emplois. Nous avons des considérations économiques qui font que dans tous les secteurs d’activités il y’a du besoin. Il s’agit maintenant de voir comment amener un maximum de jeunes à s’insérer dans le monde de l’entreprise, soit en créant leur propre entreprise soit en stimulant des nouvelles activités dans les entreprises déjà existantes. Je crois que c’est un grand challenge. Je suis convaincu qu’avec un peu de détermination et de volonté c’est possible.
MP : Justement, parlons entreprenariat ! M. Coulibaly, en plus de Trainis dont vous êtes le fondateur, vous venez de vous lancer dans une autre aventure, en créant une société de transfert électronique de money. Qu’est ce qui se cache derrière le concept Sama MONEY ?
Sama MONEY est une solution nouvelle de transfert d’argent s’appuyant sur le modèle qu’on appelle « cash to cash », un peu comme Western union et Wari. Mais à la différence de ceux-ci, Sama money apporte beaucoup d’innovations.
D’abord, Sama MONEY est la seule plateforme cash au Mali à pouvoir opérer dans les zones non couvertes par l’internet. Ce qui fait qu’elle offre beaucoup d’avantages aux clients par rapport à nos concurrents. Aussi, notre grille tarifaire est largement moins chère que nos concurrents. On est jusqu’à 40% moins cher sur les frais de transferts. L’autre aspect est que, nous avons une plateforme qui est multi-operateur, c’est çà dire, les agents qui font le transfert d’argent ne sont pas liés à un operateur donné.
MP : M. Coulibaly, une chose est de proposer une plateforme de transfert d’argent aux clients, une autre chose est de garantir la sécurité des transferts. C’est quoi votre recette à ce niveau ?
La garantie que nous pouvons donner à nos clients en termes de sécurité, est que, la plateforme sur laquelle notre système se repose, a été développée en partenariat avec des américains spécialisés dans les logiciels bancaires. Donc notre système répond à toutes les normes de sécurité bancaires internationales. C’est pour vous dire que c’est une plateforme qui est ultra sécurisée et moderne.
MP : D’autres avant vous n’ont pas pu s’imposer dans ce secteur, parce que tout simplement la concurrence est rude.
Alors évidemment, le métier principal des operateurs téléphoniques actuels n’étaient pas de faire le transfert d’argent. Quand ils venaient dans ce secteur, il y’avait déjà des acteurs. Aujourd’hui, ils ont tout de même réussi à se tailler une part de marché assez considérable, malgré le fait qu’il y’avait des acteurs déjà présents sur le secteur.
MP : A la différence de ces operateurs téléphoniques, vous êtes appelé à utiliser le réseau téléphonique de vos concurrents pour vos transferts.
On ne s’appuie pas sur eux. On s’appuie sur l’infrastructure télécom. Nous utilisons une technologie qui fait qu’on ne soit pas du tout dépendant d’eux. Par exemple, une banque normale, pour fonctionner a besoin d’une connexion internet. Pour autant, elle n’est pas liée à l’operateur qui fournit la connexion internet.
Je trouve dommage, que les maliens aient cette tendance à se focaliser toujours sur les échecs. Nos concurrents ont fait du succès. Et ce succès a été créé ici au Mali. Je pense que le marché malien peut permettre à une entreprise de faire des miracles. Et je crois fermement à ça. Nous sommes venus avec une ferme détermination de prouver que même un produit à 100% malien peut aussi recevoir l’adhésion des consommateurs maliens.
MP : J’apprécie votre optimisme, mais à ce stade, comment les maliens ont accueilli l’arrivée de Sama money ?
Aujourd’hui on est en pleine phase de déploiement du réseau un peu partout au Mali. On n’est pas encore allé à la rencontre des clients. Dans la deuxième phase, d’ici mi-janvier, on sera présent sur l’ensemble du territoire, y compris, les villages les plus reculés de manière à être proche des clients.
Rédaction
Maliplume.com

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